Schéma Régional de Développement Economique : quel dommage !

Publié le par Marie-Hélène RIAMON

Schéma Régional de Développement Economique : quel dommage !

 

Je publie ici sans réserve l'intervention de mon collègue Alain BUSSIERE, conseiller régional, ancien 1er Vice-Président de la Région Auvergne en charge de la Recherche, lors du débat sur la stratégie de développement de la Région du 16 décembre.
Tout a été pesé après que nous ayons ensemble lu avec beaucoup d'attention les 400 pages du rapport. Une seule conclusion : ça manque de souffle avec Laurent Wauquiez !

Alain BUSSIERE

SCHEMA REGIONAL DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, D’INNOVATION ET D’INTERNATIONALISATION 2017-2021 ET SES PREMIERES DECISIONS DE MISE EN OEUVRE

L’adoption de ce schéma est un moment important.

Important parce qu’il traduit la confiance accordée par le législateur aux Régions en matière de développement économique en particulier dans ce contexte où il est nécessaire de fédérer des territoires à une échelle nouvelle.

Nous partageons pleinement la vision territoriale du CESER. D’ailleurs, les documents annexés à votre rapport traduisent un fort investissement de nos partenaires territoriaux, avec souvent des contributions de grande qualité.

Moment important compte tenu de la situation de l’emploi et de la nécessité de lutter contre le chômage.

Moment important plus globalement puisqu’un an après l’élection de votre majorité, les acteurs économiques sont toujours en attente de vos nouvelles orientations.

Reprise des dispositifs techniques antérieurs

Nous avons bien noté la reprise d’un certain nombre de dispositifs techniques mis au point par nos majorités précédentes. Evoquons par exemple des dispositifs dits d’ingénierie financière pour accompagner les entreprises en haut de bilan. Un appel à projet sur le thermalisme « bien-être santé » dont nous avions antérieurement posé les bases. Dont acte.

Des attentes fortes, des contributions de qualité, une expérience technique accumulée dans nos services, un bilan des équipes sortantes apprécié par les acteurs économiques, beaucoup de matière et d’atouts, mais pour quelle stratégie ?

Formules creuses et absence d’ambition

Votre proposition de développement pour la première région industrielle de France tient malheureusement en quelques formules imagées, choisies dans un registre volontariste « chasser en meute », « guichet unique » par exemple, mais qui ne sont que des slogans creux.

De même, vous croyez frapper les esprits en citant le chiffre rond de 10.000 entreprises accompagnées chaque année. Image contre image, je me permets de rappeler qu’il y a 550.000 entreprises dans notre Région. Quelles sont vos propositions pour 98% des entreprises régionales qui ne seront donc pas concernées ? La Région n’est-elle qu’un guichet de banque ? Pourquoi le mot « emploi » est-il banni du texte final ?

Monsieur le Président, mes chers collègues, vous avez compris que nous sommes très déçus par le document proposé que, compte tenu de son importance, nous aurions souhaité pouvoir voter avec vous.

Trop de questions restent cependant sans réponse, comme l’a fort bien souligné Mme Desclozeaux, Présidente du CESER : Comment la Région assure-t-elle efficacement son rôle de chef de file de tous les territoires d’Auvergne-Rhône-Alpes ?

Un vague projet d’agence

Votre fameux projet d’agence régionale est à ce stade bien trop vague. Oui, nous avons besoin de relais sur l’ensemble du territoire ; Oui, il faut être efficace dans l’accompagnement de tous les projets économiques. Mais il est également important de pouvoir accompagner sur mesure les entreprises qui ont des besoins différents. Les propositions qui nous sont faites sont encore beaucoup trop vagues pour nous rassurer quant à l’efficacité de l’outil proposé.

 

Quelle stratégie pour l’international ?

Il en va de même pour la stratégie à l’international, et c’est un grand regret. Je le dis également en tant qu’ancien élu auvergnat auquel les entreprises locales ont souvent confié leur espoir de bénéficier de la puissance des outils de Rhône-Alpes. L’accompagnement à l’international de nos entreprises est déterminant pour plus de 50% de leur chiffre d’affaire et les emplois associés.

Rien ou trop peu sur les opportunités de la transition énergétique.

En matière d’innovation, vous vous en tenez à des formules volontaristes mais qui ne tiennent pas compte de la diversité de nos écosystèmes innovateurs qui ne sont pas les mêmes à Lyon, à Grenoble, à Valence ou en Auvergne par exemple. Au-delà du financement acquis semble-t-il in extremis, quelle feuille de route pour les pôles de compétitivité, les clusters, et La Fabrique en Auvergne ? A les entendre ces jours-ci dans la vallée de l’Arve, dans le numérique ou les éco-industries, les chefs d’entreprise ne sont pas convaincus de vos promesses.

Vous avez souhaité, faire de ce schéma, le schéma de l’économie sociale et solidaire, pas de problème. Mais vos 10 lignes généralistes ne disent rien du soutien à un secteur de proximité qui représente 12% des emplois en région.

Enfin, en proposant d’utiliser systématiquement la subvention directe aux investissements des entreprises, vous affaiblissez considérablement notre capacité à soutenir la performance globale de nos entreprises, leurs emplois et leurs projets. En priorisant au contraire les avances remboursables, nous augmenterions notre effet de levier sur les cofinancements, grâce à un fonds en permanence renouvelé.

A ce stade, monsieur le Président, nous ne retrouvons pas une ambition économique à la hauteur des attentes des entreprises, des territoires et de l’ensemble de nos concitoyens, ambitions dignes de la 2e Région de France et 7e Région européenne.

Le débat à venir sur les amendements, nous l’espérons, peut encore permettre d’en limiter les principales carences. Nous en jugerons.

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